Par Renzo Cecere
Renzo Cecere, directeur du service de chirurgie, Programme d’insuffisance cardiaque et de transplantation cardiaque, au CUSM décrit les retombées du travail international pour les patients canadiens. —Rapport d'une présentation à la conférence 2012 de l'IASI-CUSM
Dr Cecere participe à l’élaboration de modèles de soins cardiovasculaires à l’étranger, principalement au Moyen-Orient et dans la région Asie-Pacifique, où les ressources matérielles sont abondantes, mais les modèles de soins efficaces sont peu nombreux.
Avec des collègues d’organisations partenaires ou clientes à l’étranger, nous analysons les programmes en place dans l’intention de combler les lacunes, puis réalisons une évaluation rigoureuse des besoins et déterminons où notre intervention serait la plus utile. En alignant les intérêts et capacités de notre établissement sur ces besoins, nous retenons les collaborations internationales dont les retombées sont intéressantes pour nous.
Technologies novatrices
Nos partenaires sont choisis en fonction des atouts qu’ils offrent. Par exemple, dans le cas de soins cardiaques de pointe où la technologie est primordiale, nous ciblons les marchés où les appareils, technologies et traitements novateurs sont en demande et ont reçu l’approbation réglementaire.
Pour certains traitements de cardiopathies avancées, nous fixons des pompes mécaniques au cœur du patient. Il s’agit souvent de nouveaux appareils qui, en raison du strict processus d’approbation réglementaire au Canada et aux États-Unis, ne sont pas encore approuvés ici. Mais en Europe, où le processus est plus souple à certains égards, ils ont reçu l’approbation de la CE. Or, les hôpitaux de certains pays d’Asie et du Moyen-Orient acceptent d’utiliser les appareils homologués par la CE.
Le CUSM/McGill travaillent donc avec ces hôpitaux et enseigne aux médecins à les utiliser de façon optimale. Ce modèle de partenariat a très bien fonctionné pour nous, et nos collègues d’outremer ont manifesté un vif intérêt pour les nouvelles thérapies, que ce soit dans le cadre des soins cliniques ou d’un programme de recherche. Nous transmettons ainsi nos connaissances tout en acquérant de l’expérience avec des technologies que nous n’avons pas encore ici.
Populations d’étude
Dans plusieurs régions où nous travaillons, en raison du matériel génétique de la population, les taux de maladies comme le diabète, l’hypertension et l’obésité sont très élevés. Des chercheurs du CUSM, reconnus comme des spécialistes internationaux de ces pathologies, ont rarement accès au volume de patients requis pour vérifier une hypothèse de recherche en un laps de temps raisonnable. Ils sont donc très reconnaissants de pouvoir réaliser des études dans des régions où la prévalence de la maladie et la population sont plus élevées. Ils obtiennent plus rapidement les données nécessaires à la mise au point de solutions à d’importants problèmes de santé.
Soutenir la collaboration internationale
Dr Cecere, et ses collègues au CUSM, Mme Patricia O’Connor et Dr Tarek Razek ont considéré comment leur organisation pourrait contribuer au développement des collaborations internationales et à la mise en oeuvre des innovations qui en découlent. Voici leurs recommandations :
- En Amérique du Nord, aucun établissement de haut niveau n’a la redondance voulue pour fournir des soins de haut niveau à l’autre bout du monde sur une base régulière. Les partenariats entre facultés d’une même université, hôpitaux d’une même ville et universités d’Amérique du Nord deviennent donc essentiels.
- Pour ramener les innovations au pays, il faut que celles-ci s’intègrent aux priorités de l’établissement.
- La collaboration internationale doit être considérée avec respect par l’hôpital et l’université. La reconnaissance des avantages réciproques ?découlant des partenariats devrait donner aux médecins et aux infirmières la « permission » de poursuivre ces activités.
- Le soutien de l’équipe de direction est indispensable à l’adoption des nouvelles idées. Cela exige une détermination à long terme.
- Il faut élargir la vision du CHU pour y inclure la collaboration internationale, et tous les échelons de la direction, jusqu’au ministère de la Santé, doivent y adhérer. Cela est crucial si l’on veut s’assurer d’avoir les ressources humaines nécessaires pour réaliser ces activités sans que la mission centrale de l’organisation, soit les soins à ses propres patients, ne soit jamais mise en péril.
- Les établissements devraient promouvoir la création de groupes de réflexion à l’interne, amenant ainsi des gens ayant des intérêts communs à se réunir et à générer des idées pour la communauté internationale.