Par Peter Scherer
Des données comparatives permettent de mieux établir la position du Canada à l’échelle internationale. Dans cet article, Peter Scherer de l'OCDE examine des tendances récentes observables dans tous les pays développés. —Rapport d'une présentation à la conférence 2008 de l'IASI-CUSM
Tendances en matière de dépenses de santé
Au Canada, les dépenses de santé par habitant, exprimées comme un pourcentage du PIB, se situent très près de la moyenne. Dans la plupart des pays de l’OCDE, ces dépenses ont affiché une tendance à la hausse (voir la figure 1). Au Canada, par contre, la hausse a marqué un temps d’arrêt dans les années 1990 — et a probablement été négative entre 1994 et 1996 — et les dépenses n’ont rattrapé que récemment leur somment d’il y a 15 ans. La Finlande également fait exception : les dépenses ont chuté par suite de la crise économique qu’a traversé le pays, à la fin des années 1980. Dans la plupart des pays, la part du PIB consacrée à la santé a augmenté, et ce même quand le PIB réel diminuait, comme ce fut le cas en France.
Dépenses publiques
Au Canada, les dépenses publiques comptent pour un pourcentage élevé des dépenses totales, mais sont loin d’occuper le premier rang (voir la figure 2). Ainsi, il est faux de dire que la santé au Canada est principalement financée par l’État, sauf si on se limite au contexte nord-américain. Et même là, il faut souligner que les États-Unis y consacrent 500 $ de plus par habitant que le Canada.
Dépenses privées
Dans tous les pays, on sépare les dépenses privées en deux : celles que le patient paie de sa poche et celles qui sont faites par l’intermédiaire d’un régime privé d’assurance maladie. Au Canada, les dépenses privées directement payées par le patient comptent pour la moitié des dépenses privées totales. Aux États-Unis, ces dépenses représentent un pourcentage moindre, et c’est l’assurance facultative qui absorbe la part la plus élevée des dépenses du secteur privé.
Le tableau 1 montre la part représentée par l’assurance facultative dans les dépenses totales de santé des pays de l’OCDE et précise s’il s’agit d’une assurance primaire, supplémentaire, complémentaire ou « duplicative ». Aux États-Unis, l’assurance facultative est primaire ; 72 % de la population souscrit une telle assurance, qui compte pour 35 % du total des dépenses de santé. Dans les autres pays, l’assurance facultative ne représente jamais plus de 15 % des dépenses totales. Au Canada, elle s’élève à 11 % et comprend principalement l’assurance médicaments complémentaire souscrite par 65 % des Canadiens.
En ventilant les dépenses privées totales par poste, on constate que les soins hospitaliers y occupent un très faible pourcentage au Canada, en France et en Allemagne. Dans le cas des soins ambulatoires, le Canada se situe dans la moyenne. Enfin, pour les produits pharmaceutiques, l’apport du secteur privé est beaucoup plus important au Canada que dans les autres pays, exception faite des États-Unis.
Qualité des soins
Jusqu’à récemment, les données comparatives dont nous disposions étaient très élémentaires, se rapportant principalement à l’espérance de vie et à la mortalité infantile. L’OCDE a entrepris de publier des rapports comparatifs sur des indicateurs de la qualité des soins, tant les processus (par ex. les taux de dépistage pour le cancer et d’examens rétiniens chez les diabétiques) que les résultats (taux de survie après un cancer et de mortalité dans les 30 jours suivant une crise cardiaque ou un AVC). Le Canada compte parmi les meilleurs pays en ce qui a trait aux taux de survie à 5 ans après un cancer (sein, col de l’utérus et colorectal) et fait légèrement mieux que la moyenne dans la survie à 30 jours après une hospitalisation pour un infarctus aigu du myocarde.
Une autre mesure de la qualité porte sur l’incidence et le traitement d’un trouble donné. La figure 3 donne un aperçu des troubles cardiaques dans divers pays, et on constate que la relation entre l’incidence et le traitement varie beaucoup. Aux États-Unis, le nombre de revascularisations coronaires semble très élevé par rapport à l’incidence des maladies coronariennes, tandis qu’au Royaume-Uni et en Finlande, il paraît très faible. Au Canada, la relation entre le nombre de cas et d’interventions est plus équilibrée.