Par Jean Huot
Jean Huot, directeur des Ressources technologiques au CHUM et CUSM, décrit les défis de la mise en oeuvre des TIC en santé. —Rapport d'une allocution prononcé à la conférence 2010 de l'IASI-CUSM
L’activité principale du secteur de la santé est de fournir les meilleurs soins possibles. Dans les hôpitaux universitaires s’ajoutent des activités liées à la recherche, à l’enseigne?ment et aux technologies. Bien que les TI s’inscrivent de plus en plus dans l’activité première de la santé, elles n’y occupent pas une place aussi importante que dans les secteurs bancaire et aérien.
Justifier l’investissement
Le groupe Gartner a montré que, en 2009, les dépenses du secteur de la santé nord-américain en TI ont représenté en moyenne la moitié des dépenses des secteurs bancaire et aérien (voir la figure 1). Il existe de grands écarts entre les institutions et les régions. Le Québec ne dépense que la moitié de la moyenne nord-américaine, soit 1,7 %, mais ici encore, on observe des écarts dans la seule région de Montréal (voir la figure 2).
De nos jours, justifier un investissement demande beaucoup d’énergie, mais une fois qu’une pratique est acceptée par l’entreprise, le niveau d’investissement n’est plus remis en question. Les instruments biomédicaux ont atteint ce point de bascule et font désormais partie intégrante de la prestation des soins de santé.
L’environnement de la santé
Le contexte des soins de santé est quelque peu différent des autres secteurs. L’environnement externe est complexe : beaucoup de parties prenantes à satisfaire, chacune ayant des objectifs légèrement différents. À l’interne, il faut composer avec l’indépendance des cliniciens, dont le rôle est de dispenser les meilleurs soins selon les lignes directrices de la profession, tout en veillant à limiter les coûts.
La stratégie des TI doit tenir compte de la diversité des perspectives, et le clinicien doit se trouver au centre du processus d’adoption et avoir le soutien de tous les paliers de l’organisation. La technologie existe parce qu’elle répond à des objectifs importants pour les cliniciens : améliorer la qualité et la productivité ; intégrer rapidement les résultats de la recherche aux soins cliniques ; maintenir une infrastructure sécuritaire.
Le système d’information clinique en cours d’implantation au CUSM et au CHUM a été sélectionné par les cliniciens qui y travaillent. On le lance maintenant dans d’autres établissements de Montréal et de la province.
Les cliniciens devraient aussi définir la stratégie d’implantation. Nous avons créé le poste de chef clinicien pour les besoins de la transition technologique dans les deux établissements, et les titulaires du poste relèvent du directeur général plutôt que du directeur des systèmes et technologies de l’information. Grâce à cela, le lancement du système s’est fait en douceur et l’adoption a été bonne dans les deux établissements.